Henry Bauchau, Antigone, Babel, Arles, 1999.
Roman.
On connaît tous Antigone, celle de Sophocle, de Cocteau ou d'Anouilh. Voici celle d'Henry Bauchau, toujours aussi belle et dramatique. Ce roman, publié en 1997, est le dernier d'un cycle de trois opus sur l'Antiquité (Oedipe sur la route, 1990 et Diotime et les lions, 1991).
Ce récit débute à la mort d'Oedipe et nous permet de suivre tout le parcours d'Antigone jusqu'à son retour parmi les siens à Thèbes. Elle espère empêcher la lutte fratricide entre Etéocle et Polynice. Elle lutte de toutes ses forces mais ne peut empêcher le destin. Toute la guerre entre les frères nous est contée, et c'est d'ailleurs là toute la force de ce roman. Nous voyons évoluer Antigone, grandir, s'affirmer. Les personnages sont nombreux, tous plus prégnants les uns que les autres. Antigone fait le lien entre tous ces personnages, elle gravite autour d'eux telle une étoile. De superbes scènes jalonnent ce roman où l'éclat des chevaux croise le fer des armes.
Des phrases sobres, dépouillées, avec des mots qui sonnent toujours justes résonnent en écho à la fragilité et à la beauté d'Antigone. Même si on garde tous en mémoire l'Antigone de Jean Anouilh, ce livre est un grand roman.
"Le cri me déchire et me force à me relever tandis qu'il se termine en sanglots saccadés. Je parviens à ouvrir les yeux, il y a autour de moi une foule qui me regarde et qui pleure en silence. Oui, de cette ville belliqueuse, avare et dure, tous ces gens sont venus pour pleurer avec moi, pleurer sur le malheur qui est, sur celui qui s'annonce et dont le cri leur a fait entrevoir l'emprévisible étendue."